Garagiste : 5 infos à connaître sur les pièces de réemploi

Question

Accepted Answer

1- Les pièces de réemploi ont plusieurs noms On parle souvent de pièces de réemploi, mais ce n'est pas toujours le nom utilisé pour les désigner. En général, les automobilistes comprennent mieux qu'on leur parle de "pièces auto d'occasion", car le terme de "pièces de réemploi" ne fait pas toujours sens pour eux. On parle aussi de pièces issues de l'économie circulaire, ou PIEC, mais c'est bien la même chose ! Dans tous les cas, ces pièces obéissent donc au modèle de l'économie circulaire, pour limiter le gaspillage des ressources. Le réemploi, c'est juste du recyclage : au lieu de jeter des pièces qui pourraient être réutilisées sur d'autres voitures, on les remet en état et on les réemploie. Les pièces de réemploi peuvent avoir deux origines : un centre VHU habilité, comme il y en a autour de 1700 en France, ou l'échange standard auprès d'un fabricant automobile. 2- Toutes les pièces auto ne peuvent pas être réemployées La notion de pièce de réemploi a été définie par décret gouvernemental en 2017. Ce décret fixe aussi que toutes les pièces auto ne sont pas concernées, pour des raisons de sécurité. Ainsi, on ne peut pas recycler pour le réemploi les pièces suivantes : Les éléments issus du système de freinage ; Les éléments des trains roulants ; Les éléments de la direction ; Les pièces de liaison au sol qui sont assemblées, non démontables et soumises à usure mécanique. Par ailleurs, les fluides et la batterie, qui sont des éléments toxiques, ne peuvent pas non plus être réutilisés. Tous ces éléments polluants sont traités par des filières de recyclage spécialisées, et donc pas destinés au réemploi. Mais cela veut dire que tout le reste peut être recyclé sur d'autres voitures ! Les pièces de carrosserie démontables (portières, capot, etc.) ou de sellerie et de garnissage intérieur (sièges...), les vitrages non collés, les optiques et les autres pièces électroniques et mécaniques que celles citées ci-dessus peuvent tous être des pièces de réemploi. 3- Les garagistes sont obligés de proposer des pièces de réemploi Depuis 2017, la loi vous impose une obligation d'information vis-à-vis des pièces de réemploi. En d'autres termes, vous êtes obligé d'informer l'automobiliste qu'il peut opter pour des pièces de réemploi plutôt que des pièces neuves. Vous devez le tenir informé de ce droit, ce qui ne veut pas dire qu'il y a ensuite obligation de choisir des pièces de réemploi, mais seulement que l'automobiliste doit savoir qu'il en a la possibilité. Il y a cependant certaines exemptions, des cas dans lesquels vous n'avez pas cette obligation : Pour les prestations effectuées à titre gratuit ; Pour les interventions faites dans le cadre d'un rappel de véhicule ou d'une garantie contractuelle ; Si le délai pour que les pièces de réemploi soient disponibles n'est pas compatible avec le temps d'immobilisation de la voiture ; Dans le cas où vous estimez, en tant que garagiste, que la pièce de réemploi représenterait un danger pour l'environnement, la santé publique ou la sécurité routière. Si vous ne respectez pas cette obligation, vous risquez des sanctions. La loi prévoit en effet une amende pouvant aller jusqu'à 3000 € pour une personne physique et 15 000 € pour une personne morale. En cas de litige, c'est à vous de prouver que vous avez bien informé l'automobiliste de son droit. Nous vous conseillons donc de systématiquement faire un devis pour une réparation avec des pièces de réemploi (sauf exemptions listées ci-dessus bien sûr !) afin d'avoir une pièce justificative si besoin. 4- Une pièce de réemploi coûte jusqu'à -75% par rapport à une pièce neuve Le principal avantage des pièces de réemploi est leur prix. En effet, les pièces recyclées coûtent bien moins cher que des pièces neuves. En moyenne, le prix d'une pièce de réemploi est 50% moins cher que son équivalent neuf, mais il peut aller jusqu'à 75% de moins. Évidemment, cela représente un vrai avantage pour votre client, surtout à une époque où le prix des pièces ne va qu'en augmentant. Pour vous garagiste, cela vous permet aussi de vous fournir en pièces moins chères, ainsi que de bénéficier d'une marge plus importante qu'avec une pièce neuve. 5- Les pièces de réemploi sont en plein boom La loi transition énergétique s'est mise à inciter les garagistes et automobilistes à utiliser des pièces de réemploi dès 2015, avant que le décret entré en vigueur en 2017 n'inscrive l'obligation d'information dans la législation. Malgré cela, la pièce de réemploi a peiné à décoller. D'abord, les automobilistes sont souvent mal informés : ils ne connaissent pas vraiment son existence et encore moins ses avantages. Il y a donc une vraie nécessité de pédagogie vis-à-vis des automobilistes. Il est notamment important de leur expliquer que ces pièces sont certes d'occasion, mais que leur qualité et sécurité sont bien évidemment contrôlées et répondent aux mêmes exigences que des pièces neuves. Récemment, la pièce de réemploi connaît enfin un essor significatif. En 2021, le recours aux pièces de réemploi dans le cadre de la réparation de sinistres auto a fait un bond de 20%. Les récentes ruptures de stock de pièces automobile neuves ont favorisé l'essor des pièces de réemploi. Alors oui, il reste encore bien du travail pour que la pièce de réemploi continue cet essor, notamment du côté des fournisseurs (stock, délais de disponibilité, etc.) et des assureurs. En 2021, elle n'a encore représenté que 3,6% des pièces auto remplacées. Mais la pièce de réemploi ne va aller qu'en s'accélérant. L'an dernier, elle a franchi ce cap symbolique des 3% pour la première fois. Les pièces de réemploi représentent un marché énorme et une filière en plein boom, notamment dans un contexte de souci écologique et de difficultés de l'industrie automobile.