Nombreux sont les articles qui n'ont pas peur d'affirmer que les jeunes délaissent la voiture. Il est vrai que les usages ont évolué avec le temps, mais les statistiques montrent que le permis de conduire n'est pas boudé en France. On observe cependant un vrai changement de l'approche de la voiture.

Vrai ou faux : "Les jeunes abandonnent la voiture" ?

Intérêt des jeunes pour voiture FAUX, mais...

Il y a quelques années, de nombreux articles de presse sont sortis sur le désintérêt des jeunes pour la voiture. Le Monde, Les Échos... Entre 2015 et 2017, personne n'avait peur de clamer que les jeunes européens délaissaient l'automobile. Les Échos citait notamment une enquête de Forum Vies mobiles et Le Monde les chiffres du cabinet KPMG pour montrer la chute de la voiture auprès des jeunes.

Plus récemment, Ouest France (2020) et L'automobile magazine (2021) ont eux aussi affirmé que le permis de conduire était désormais boudé par les jeunes.

En 2020, les chiffres du permis de conduire, accessibles librement sur le site securite-routiere.gouv.fr, montraient en effet une baisse de 4% des candidats à l'examen : 1 164 253 nouveaux candidats en 2020 contre 1 209 038 en 2019.

Mais attention : pour le groupe léger, qui comprend notamment le permis B, les candidats avaient au contraire augmenté. 979 824 candidats se sont inscrits en 2020, contre 977 946 en 2019.

Dix ans plus tôt, en 2010, 1 103 873 candidats s'étaient inscrits au permis de conduire, toutes catégories confondues. Pour le groupe léger, qui ne comprenait à l'époque que le permis B et le permis B1 et pas encore le permis BE, rattaché à la catégorie poids lourds jusqu'en 2016, on comptait 907 389 inscrits.

Les statistiques sont donc formelles : les candidats au permis de conduire restent globalement stables chaque année. La tendance, en tout cas, n'est pas descendante.

Le saviez-vous ? 50% des 18-20 ans possédaient le permis de conduire en 2008, contre seulement 19% en 1973.

En revanche, il est vrai que le permis de conduire a tendance à se passer plus tard. Les mêmes chiffres du gouvernement indiquent que :

  • En 2015, 847 123 permis B et B1 ont été délivrés, dont 303 837 à 18 ans (35,87 %).
  • En 2019, 829 196 permis B et B1 ont été délivrés, dont 265 235 à 18 ans (31,99 %).

En 2013, les permis obtenus à l'âge de 18 ans représentaient même 42,01 % des permis de conduire B et B1 délivrés.

Bon à savoir : nous n'avons pas retenu les chiffres des permis délivrés en 2020 en raison de l'impact qu'ont eu la pandémie et la fermeture des auto-écoles sur le nombre de permis effectivement délivrés cette année-là.

 

Il est donc vrai qu'il y a bien une évolution de l'usage de la voiture chez les jeunes, avec un permis obtenu plus tardivement mais par autant de jeunes chaque année. Cela peut s'expliquer par plusieurs facteurs, notamment les études secondaires et l'exode rural des jeunes vers les grandes villes, où la voiture est moins indispensable. Ces phénomènes sont très actuels et tendent à s'accroître.

Naturellement, la voiture représente aussi un enjeu économique. Avec les augmentations du prix du carburant, le coût de l'assurance auto qui est supérieur pour un jeune conducteur et l'achat de la voiture elle-même, l'enjeu est de taille pour les jeunes. Enfin, il y a l'argument écologique. De plus en plus de jeunes y sont sensibles.

Mais ce changement d'approche de la mobilité ne signifie pas que les jeunes délaissent totalement la voiture. On les voit au contraire se tourner vers des alternatives comme la voiture sans permis. D'après une enquête d'Assurance-VSP en 2017, spécialiste de l'assurance des voitures sans permis, 49% des conducteurs de voiture sans permis avaient moins de 32 ans cette année-là.

Selon toute vraisemblance, ces chiffres ont continué d'exploser depuis, d'autant que la voiture sans permis rencontre également un certain succès chez les mineurs, qui la préfèrent au scooter. C'est notamment avec les jeunes en tête que Citroën a lancé son Ami en 2020. D'après la marque, plus de 40% des utilisateurs ont moins de 18 ans...

Les jeunes, délaisser la voiture ? Les mentalités et l'approche à la mobilité ont effectivement bien changé depuis les années 80 ou 90. Mais cela ne veut pas dire pour autant que les jeunes abandonnent totalement la voiture ! Les usages ont certainement changé, mais la voiture reste synonyme d'indépendance pour de nombreux jeunes, principalement à la campagne.


Ariane
Écrit les mains dans le cambouis par

Ariane

Mécano du web

09 janvier 2024, 13:58


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